Au théâtre, quand les monstres sont de sortie, la jubilation est maximale. D’abord, parce qu’on ne voit rien, on ne peut qu’imaginer. Ensuite, parce que le théâtre est l’endroit idéal pour approcher de près les monstres et essayer de déceler chez eux l’endroit où disparaît l’humanité. Dans la salle à leur contact, on vibre. Et cet effet est décuplé grâce aux caméras qui amplifient le jeu des acteurs dans les moindres détails.

- UNE EQUIPEE SAUVAGE - Que d'eau ! Que d'eau ! Le premier acte se passant à Venise, David Bobée place toute la tragédie dans une sorte de lagune où les acteurs sautent ou marchent à grandes enjambées, soulevant des gerbes d'écume. Il y a là toute une sauvagerie funèbre, un climat de fureur désespérée où l'inspiration vénéneuse de Hugo rencontre la violence des sociétés répressives d'aujourd'hui. La troupe joue d'un même souffle pendant plus de deux heures et demie, avec une Béatrice Dalle impressionnante. David Bobée nous offre un théâtre généreux et transdisciplinaire. Il signe un spectacle populaire, avec des images d’une beauté fulgurante.