Les histoires d'A

"Les histoires d’a-, les histoires d’amour, les histoires d'amour finissent mal en général…". Avant la chanson des Rita Mitsouko, Euripide ou Shakespeare avaient déjà donné le ton :  Phèdre se consume dans les affres d’un amour interdit, et les amants de Vérone sont lancés dans une dramatique course vers l’abîme. Dans cette sélection, nous vous proposons d’autres histoires douloureuses mais belles, et c’est peut-être ce qui nous fait aimer l’amour, cette possibilité du bien par-delà le mal ?

Une semaine pas plus !
  • RIRE D'AMOUR - Avec Clément Michel, on est toujours dans du théâtre de boulevard mais avec des personnages auxquels on s’identifie toujours avec plaisir. Dans Une semaine pas plus, il traite de l’incapacité de rompre une relation amoureuse. Le personnage principal a recours à son meilleur ami auquel il demande de venir habiter chez lui pour faire exploser son couple. C’est énorme, très drôle et très bien observé en même temps. En compagnie de comédiens excellents dont l’inénarrable Sébastien Castro, on passe un moment inoubliable.
Clôture de l'amour
  • VERTIGES DU DESAMOUR - Depuis son triomphe à Avignon en 2011, l'œuvre pour deux acteurs de Pascal Rambert est devenue l’une des pièces françaises contemporaines les plus jouées à l’étranger. C'est un affrontement, un duel, une confrontation sans merci ; un spectacle qui parle de choses essentielles et fondamentales, porté par le verbe puissant, complexe, intelligent de l'écriture torrentielle de Pascal Rambert. Quant aux deux comédiens, ils sont magnifiques et rayonnants d’intensité, d’humanité et de précision, chacun dans leur registre, portant des mots cruels et impudiques, qui semblent issus du plus profond d’eux-mêmes. Sans pathos, mais avec quelques pointes d’humour ravageur, la représentation fascine et bouleverse. Un des sommets du répertoire contemporain. On en ressort suffocant, hagard, hébété et heureux.
Roméo et Juliette
  • L'AMOUR A MORT : Une relecture jouissive de Roméo et Juliette par Olivier Py qui a pris en charge la traduction, l'adaptation et la mise en scène de cette oeuvre culte. Sous la plume de Py, on retrouve la verve de Shakespeare, la truculence de la jeunesse, la fulgurance de l'amour et la course vers l'abîme du beau Roméo et de la jeune Juliette. Le metteur en scène mène son intrigue tambour battant trois heures durant grâce à un couple de comédiens débordant d'énergie. L’amour à mort version ado !
Le Montespan
  • UN LOUIS DE TROP. Tout le monde connaît la passion de Louis XIV pour la Marquise de Montespan qui fut sa favorite pendant plus de dix ans. On connaît moins celle du Marquis de Montespan pour sa femme. C’est ce que raconte cette adaptation du roman de Jean Teulé. Quand le Roi tombe amoureux de la Marquise, et "on ne dit pas non au roi". Le conte de fée vire alors au cauchemar pour les époux. "Séparés, mais inséparables" n’a de cesse de marteler le Marquis… Les trois comédiens, tous brillants, reconstituent avec fougue cette histoire vécue comme une malédiction qui inspira à Molière sa pièce Amphitryon. Du maquillage, des perruques, des costumes et un rideau qui fabriquent des trompe-l’œil suffisent à nous immerger dans la Cour du Roi Soleil. Servie par une mise en scène rythmée, qui alterne entre humour et tragédie, cette pièce sur les faux-semblants est une pépite.
La Mouette
  • DANSE AVEC LES MORTS. Pour Arthur Nauzyciel, « La Mouette soulève une question essentielle : pour quoi vit-on ? En période de crise, dans une société baignée par trop d'images spectaculaires, dans une société qui a perdu son sens poétique, l'art et la beauté sont aussi une réponse. » Le metteur en scène clôturait le Festival d’Avignon 2012 avec une adaptation très personnelle du chef-d’œuvre de Tchekhov. Ecrite à la toute fin du XIXe siècle, ce drame chargé de mélancolie interroge la place des artistes dans un monde qui rejette leurs rêves comme leurs amours. Nauzyciel fait résonner dans la Cour du Palais des papes ce magnifique bal funèbre, rythmé par l'envoutante musique de Winter Family, avec des choix esthétiques forts et une distribution époustouflante.
Ruy Blas
  • IL VOULAIT ÊTRE CÉSAR... La pièce de Victor Hugo est moins connue que sa libre adaptation cinématographique (La Folie des Grandeurs) avec Louis de Funès et Yves Montand ; c’est donc « l’or, mon seignor ! » de redécouvrir ce magnifique drame en alexandrins, qui n’est d’ailleurs pas exempte de touches burlesques. La mise en scène d’Yves Beaunesne est un vrai régal pour les yeux et les oreilles : invité à monter une pièce à la « force populaire » à l’occasion des Fêtes nocturnes de Grignan, il choisit cette œuvre de jeunesse, qui, bien que se déroulant en Espagne, apparaît comme une métaphore brillante de la politique française. Pas besoin d’une scénographie complexe : la cour du château, les costumes d’époque et la musique composée par Camille Rocailleux suffisent à entraîner les heureux spectateurs dans cette intrigue politico-amoureuse à la fois triviale et d’une grande solennité. François Deblock et Noémie Gantier, anciens élèves de Beaunesne, incarnent le couple tragique avec toute la fougue de leur jeunesse.