Ecrite en 1888 par le Suédois August Strindberg (1849-1912), Mademoiselle Julie fit scandale à sa création, en 1906, parce qu'elle rompait un tabou, en mettant en scène des amours ancillaires. Fille d'un comte, Julie fait l'amour avec Jean, son valet, au cours d'une nuit de la Saint-Jean. Pour l'un et l'autre, la rupture du contrat social est intenable... A l'époque de Strindberg, Mademoiselle Julie représentait le nec plus ultra de la modernité. Elle a traversé le XXe siècle en gardant un goût de soufre qui fascinait les metteurs en scène, et plus encore les actrices, rêvant d'endosser le rôle d'une femme en quête éperdue de liberté.
Pour réunir sur scène Juliette Binoche et Nicolas Bouchaud, il fallait l’un des plus intenses et poignants affrontements du répertoire. Frédéric Fisbach n’a pas oublié que Strindberg lui-même disait de sa pièce qu’elle est un « combat entre cerveaux », une sorte de long assassinat psychique. Il fallait inventer pour ce « meurtre d’âme » un espace qui rende sensible le fait que la lutte entre ces deux êtres se situe d’abord en eux-mêmes. Ici l’attention est donc portée sur les corps.