Après avoir vu l’enterrement de Jean-Paul II à la télévision, le célèbre cinéaste suédois Ingmar Bergman, disparu en 2007, a soigneusement mis en scène son départ. Cercueil, vêtements, musique : tout était consigné par écrit à l’attention de ses proches. Aucun discours ni sentimentalisme n’était autorisé. Avant de mourir, Bergman avait établi la liste de ses “démons”: celui de la peur, de la colère, de la paresse, du contrôle, du ressentiment... À partir de là, dans ce spectacle qui n’est pas un hommage à Bergman, mais plutôt la “reconnaissance de son fantôme”, Angélica Liddell organise le défilé de ses démons intimes, nous invite à nous confronter à notre propre devenir, et fait de la scène une force cathartique pour conjurer l’effroi devant l’inconcevable. Vieillir est une tâche ardue, dit-elle, paraphrasant Schopenhauer. Puisse le théâtre nous y aider.